LE SIECLE DES LUMIERES
LES PHILOSOPHES
Le siècle des lumières est, en Europe une période de grands essorts scientifique et d'épanouissement de la raison critique.
Les philosophes français, énoncent des principes généreux sur le droit naturel, l'égalité entre les hommes, et disent la nécéssité d'améliorer la société, de libérer les opprimés, d'instruire les pauvres.
MONTESQUIEU
Montesquieu est le seul écrivain à figurer à la fois dans le corpus des textes justifiant l'esclavage et dans celui le condamnant.
Extrait de l'Esprit des lois :
Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :
Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l'Afrique, pour s'en servir à défricher tant de terres.
Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.
Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'à la tête; et ils ont le nez si écrasé qu'il est presque impossible de les plaindre.
On ne peut se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est sage, ait mis une âme, surtout bonne, dans un corps tout noir.
Il est si naturel de penser que c'est la couleur qui constitue l'essence de l'humanité, que les peuples d'Asie, qui font les eunuques, privent toujours les noirs du rapport qu'ils ont avec nous d'une façon plus marquée.
On peu juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Egyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient d'une si grande conséquence, qu'ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains.
Une preuve que les nègres n'ont pas le sens commun, c'est qu'ils font plus de cas d'un collier de verre que de l'or, qui chez les nations policées, est d'une si grande conséquence.
Il est impossible que nous supposions que ces gens - là soient des hommes; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous - mêmes chrétiens.
De petits esprits exagèrent trop l'injustice que l'on fait aux Africains. Car, si elle était telle qu'ils le disent, ne serait -il pas venu dans la tête des princes d'Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d'en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ?
LA ROCHEFOUCAULD - LIANCOURT
Pour justifier l'esclavage :
"L'esclavage doit être maintenu, sinon, il en résultera la ruine de notre commerce, un bouleversement total de notre industrie, une stagnation de notre travail et la misère de notre population qui ne vit que de la main d'oeuvre des denrées coloniales."
JEAN JACQUES ROUSSEAU
Extrait du contrat social :
"Ces mots , esclavage, et droit, sont contradictoires, ils s'excluent mutuellement.
Soit d'un homme à un peuple, ce discours sera toujours également insensé.
Je fais avec toi une convention toute à ta charge et toute à mon profit que j'observerai tant qu'il me plaira, et que tu observeras tant qu'il me plaira"
LES HOMMES DE LA PERIODE ABOLITIONNISTE
LAMARTINE
Dans un discours à la chambre des députés, le 23 avril 1835, Lamartine déclare: " Nous disons et l'esclavage dit avec nous :
"Aucune loi ne peut donner à l'homme la propriété de l'homme; car la loi n'est que la sanction de la justice; car aucune conscience humaine ne peut légitimer l'esclavage; car nul n'est obligé de ratifier une loi qui le prive des droits donnés par la nature."
l'ABBE GREGOIRE
Des peines infamantes à infliger aux négriers: "J'appelle négrier, non seulement le capitaine de navire qui vole, achète, enchaîne, encaque et vend des hommes noirs, ou sang - mêlés qui même les jette à la mer pour faire disparaître le corps de délit, mais encore tout individu qui par une coopération directe ou indirecte, est complice de ces crimes.
Ainsi, la dénomination de négriers comprend les armateurs, affréteurs, actionnaires, commanditaires, assureurs, colons, planteurs, gérants, capitaines, contremaîtres, et jusqu'au dernier des matelots, participant à ce trafic honteux."
LOUISY MATHIEU
Louisy Mathieu est le premier esclave libéré à avoir siégé à l'Assemblée Nationale. En effet, né à Basse - Terre, le 02 février 1817, ce tonnelier avait appris à lire par le biais d'une éducation religieuse malgré l'interdiction de ses maîtres.
Le gouvernement provisoir de 1848 vote les lois abolitionnistes. La Guadeloupe peut élire au suffrage universel ses représentants à l'Assemblée Constituante. Les progressistes Guadeloupéens, conscients de la popularité de Louisy Mathieu, à Pointe - à - Pitre, le propose comme candidat.
Il est présent sur la liste électorale conduite par Perrinon et Schoelcher. A l'issue des votes, Schoelcher, également élu en Martinique, laisse son siège à Louisy, poste qu'il occupera jusqu'au 26 mai 1849. Après le coup d'état de Louis Bonaparte (1851), il abandonne la vie politique, installé au bas de la source, il vit misérablement.
L'APÔTRE DE L'ABOLITION DE L'ESCLAVAGE
VICTOR SCHOELCHER
Cet homme a consacré sa vie à la défense de la liberté des noirs et à l'égalité entre tous les citoyens.
Suite à un voyage d'affaire au Mexique en 1828, il découvre Cuba où l'esclavage lui apparaît comme une horreur.
De retour en France, il publie des articles, des ouvrages, multiplie ses déplacements d'information et adhère à la société pour l'abolition de l'esclavage.
Sous - Secrétaire d'Etat dans le gouvernement provisoire de 1848, il contribue à faire adopter le décret sur l'abolition de l'esclavage dans les colonies.
Député de la Guadeloupe et de la Martinique de 1848 à 1851, il siège à gauche.
EXTRAITS DE DISCOURS
ETRE REPUBLICAIN
Législative avril 1848
"Je suis républicain depuis l'âge où l'on peut discerner le vrai du faux, le juste de l'injuste, le bien du mal.
La République a toujours été pour moi le seul mode de gouvernement qui comportât des réformes sociales. Jamais je n'ai transigé avec la royauté, jamais je n'ai voulu lui prêter serment: j'ai combattu sans relache son principe et ses oeuvres fatalement mauvaises.
"ASSIMILER..."
"Nous voulons la liberté pour tous en France, nous voulons de même pour tous aux colonies; nous voulons la justice impartiale en France.....
Nous la voulons de même , aux colonies, nous voulons l'égalité pour tous en France, nous la voulons de même pour tous aux colonies.
En un mot: nous voulons la République en France ,...nous la voulons de même aux colonies.
EXTRAIT DU DISCOURT
DU 05 MARS 1848
L'émotion qui étreint Victor Schoelcher est sans mesure lorsqu'il monte à la tribune de l'Assemblée Nationale pour s'adresser aux députés et leur demander de trancher la question de l'esclavage dans les colonies Françaises.
L'atmosphère qui règne dans l'hémicycle est sérieuse, silencieuse et grave. Les députés savent qu'ils vivent, à cet instant, un moment historique qui marquera le temps.
D'une voix forte et assurée, Victor Schoelcher s'adresse à ses collègues: "Mes chers amis trop longtemps nous nous sommes, désunis sur les questions essentielles
Nous devons nous unir pour combattre cette bête immonde qu'est l'esclavage. Oui toujours l'union, car si vous vous unissez, si vous savez vous relier par les liens de cette immortelle et sublime devise que jusqu'ici la République n'a inscrite encore que sur des drapeaux.
Mais que nous voudrions voir graver en lettres indestructibles dans tous les coeurs : Liberté , Egalité , Fraternité , alors le salut du peuple sera certain.
Par contre si vous vous en écartez un instant, le peuple sera sauvé encore mais au prix de nouveaux malheurs.
Oui mes amis l'humanité marche évidemment vers la paix, non vers la guerre ; Vers la fraternité , non vers la colère et la haine .
Ayons une confiance inébranlable dans la victoire de la raison et de la justice , que l'intelligence de tous se développe par la liberté de la presse , la liberté de la tribune , la liberté de l'éducation , la liberté de la propagande orale, et ne soyons pas en peine du reste
Mes amis, poussez un cri qui nous touchera plus encore que ces cris de sympathie dont mon coeur est ébranlé.
Je ne dirai pas Vive la République entourée d'institutions monarchiques , mais Vive la République qui aboutira à l'affranchissement du peuple.
Vive la République qui signifiera l'abolition absolue du prolétariat , Vive la république que nos pères ont entrevu quand ils ont dit
Liberté, Egalité, Fraternité.
Au nom des libertés, au nom de la dignité humaine, au nom des droits de l'homme, nulle terre française ne devra plus jamais porter d'esclaves.